4 mars 2010

Après le voile, voilà le niqab


J'avais déjà écrit tout le bien que je pensais de la mode des accommodements raisonnables. Je trouvais alors que cela n’était que passager et que l'ordre des choses (comme la polémique sur la couleur de la margarine) reprendrait sa place. 
Je me suis trompé. J'ai sous-estimé l'attrait médiatique de toute affaire impliquant des immigrants, attrait qui trouve d'ailleurs racine dans cette fascination-peur des gens (pour la plupart vivant à l'extérieur de Montréal) pour tout ce qui ne leur ressemble pas. J'ai surestimé par contre le courage politique du gouvernement Charest et sa volonté d'endiguer ce phénomène qui lui grugeait des votes à sa droite avec l'ADQ et sur son flanc souverainiste avec le PQ. Ainsi, la commission Bouchard-Taylor n'aura servie finalement qu'à être un défouloir pour tous les marginaux du Québec qui sont venu crier à son micro leurs chimères et à ce que Pauline Marois traite Gérard Bouchard d’Elvis Gratton.
Après une brève accalmie de quelques mois en 2009, on reprend les mêmes (immigrants, de préférence juifs ou musulmans, et des médias à la recherche d’attention) et on recommence. Le dernier épisode met donc en scène une égyptienne de 28 ans, pharmacienne de son état et accessoirement enniqabée*. La dame en question qui profite de cours de francisation offerts aux nouveaux arrivants s’obstine à cacher sa face pendant les cours malgré les demandes pressantes de son enseignante. L’escalade a fini par son éviction de classe après que le ministère de l’immigration du Québec s’en soit mêlé.
Je ne m’attarderai pas aux raisons pédagogiques pour lesquelles il est essentiel de voir le visage des élèves dans les échanges afin de pouvoir corriger leur élocution et de voir leurs expressions faciales. D’autres le feront mieux que moi et surtout s’y connaissent mieux que moi.
Autant pour le voile (que j’abhorre personnellement), je trouve que son interdiction en classe ou dans tout autre endroit publique ouvrirait la boite à Pandore et on devrait à ce moment là interdire tout signe religieux ou ostentatoire ; et on en finirait jamais sauf si à se trouver en France et que le racisme ne nous dérange pas ; autant pour le niqab ou la burka, je suis complètement opposé à la présence de personnes les portant dans l’espace publique. Passons outre le fait que vous nous pouvez pas identifier la personne et les conséquences sociales et sécuritaires qui en découlent, mais vous êtes vous déjà trouvé en face d’un niqab ou d’une burka ? Vous vous sentez agressés, incapables de communiquer avec l’autre et c’est vous qui finissez par être dénudés et désemparés.
Cet épisode soulève enfin un questionnement sur le travail d’Immigration Canada et d’Immigration Québec et sur leurs processus. Est-ce que ces deux organisations font un travail d’explication et de sensibilisation, auprès des demandeurs d’asile et d’immigration, pour expliquer les valeurs de la société qu’ils veulent rejoindre, ainsi que la place prépondérante de l’égalité des femmes et des hommes dans la vie de tous les jours ? Est-ce que l’enniqabée avait conscience de la galère dans laquelle elle s’engageait en immigrant au Québec ?
Nous avons tous entendu parler des histoires d’horreur de personnes à qui on a refusé la résidence permanente pour des raisons plus futiles les unes des autres, ne pourrions-nous pas baliser le processus de sélection pour éviter des situations comme celles que nous vivons présentement ?
*Personne portant le niqab.

5 commentaires:

de passage a dit...

Mr DUMONT s'en frotte les mains, puisqu'il ade quoi animer son émission poubelle sur la décharge publique TQS.
Vous oubliez (ou omettez de dire)mon cher que ce sont là que des cahe forêt, ici comme en France pour éviter les vrais problèmes.
L'un des vrais problèmes c'est le chômages des maghrébins (les plus diplômés de la province) qui atteint le record de 34% selon Statistqiues Canada alors que le taux des autres immigrants avoisine les 19% et le taux des québecois ne dépasse pas les 19%.

Ou alors tous les maghrébins, hommes et femmes, sont voilés ou "niqabés"!!!

De passage a dit...

Erratum,
Le taux de chômage des québecois de souche ne dépass pas les 9%.

Renart Léveillé a dit...

Je suis d'accord, sauf avec ça :

« J'ai sous-estimé l'attrait médiatique de toute affaire impliquant des immigrants, attrait qui trouve d'ailleurs racine dans cette fascination-peur des gens (pour la plupart vivant à l'extérieur de Montréal) pour tout ce qui ne leur ressemble pas. »

Une nouvelle c'est une nouvelle et dans le cas de celle-là je ne crois pas que c'est tiré par les cheveux, comme tu l'expliques plus bas.

Je ne crois pas que c'est très utile de pointer encore la xénophobie ( d'un point de vue général) quand il s'agit d'un problème particulier.

Reda a dit...

@De passage: Tu soulèves un excellent point. L'intégration passe avant tout par le travail.

@Renart: Je ne suis pas si sûr qu'il ne soit pas utile de pointer la xénophobie ou le racisme, comment expliquer alors le taux de chômage de 35% des immigrants? Cela n'explique pas ce phénomène mais on ne peut l'ignorer quand même.

Renart Léveillé a dit...

Même si je ne nie aucunement qu'un tel problème existe, je ne vois pas le lien entre l'histoire de cette femme et « le taux de chômage de 35% des immigrants », mis à part qu'elle soit une immigrante.

Nous sommes tous humains aussi...