27 mai 2010

Internet, une zone de non-droit ?


Le billet qui suit est l'œuvre d'un invité : K_rim. Vous pouvez le lire comme une réponse à mon billet précèdent ou comme bon il vous semble.  


De l’avis de tous, notre pays a franchi d’importantes étapes sur la voie la construction de l’Etat de droit depuis l’indépendance. Cet engagement, confirmé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI avec l’introduction sage et prévoyante du nouveau concept de l’autorité n’a cessé d’être salué depuis par les gouvernements des pays les plus démocratiques et par les ONG les plus indépendantes. Ce fait n'est plus à démontrer mais il est toujours bon de le rappeler pour ceux qui rêvent encore du militantisme héroique vestige d'une époque révolue.

Cependant, face à la sagesse royale, la détermination de Sa Majesté à explorer de nouveaux horizons et donner les outils à tous les citoyens marocains de rattraper les autres pays dans la course à la mondialisation, des imprudents ne semblent pas avoir compris les règles du jeu et se cachent derrière la notion liberté d’expression qui les dépasse pour justifier des attaques traitres contre la mère patrie.
En effet, les amateurs de liberté inconditionnelle, pour la plupart des jeunes en quête de gloire éphémère qui consiste en quelques commentaires et « like » - j’aime en français - se prêtent inconsciemment au jeu des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume en criant au scandale à n’importe quel fait-divers impliquant un fonctionnaire de l’Etat. En salissant ainsi l’image de leur pays, ils ne font que confirmer les allégations de certaines organisations dont la neutralité est plus que discutable, ou d’autres qui sont ouvertement au service d’agendas de pays étrangers.

L’exemple le plus frappant est celui de M Khalid Naciri, ministre de la Communication, Porte-Parole du gouvernement, un homme digne et honnête, qui aurait été filmé par téléphone portable et mis en ligne sur l’un de ces sites non surveillé où se mêlent pornographie aux chansons de chikhat, en passant par les films des fêtes d’étudiants ou les caricatures du prophète (saws). Bien entendu, on ne voit rien, on n’entend rien sur cette vidéo sauf la silhouette d’un homme en costume cravate, un policier et une voiture noire. Sauf que la, certains usagers du site Facebook ont vite crié au scandale, traité le fils du ministre de criminel, et son père de menteur. Pour enflammer leur camarades, ils n’ont pas hésité à demander la démission du ministre, voire de tout le gouvernement, à appeler toute la population à descendre dans les rues … et puis quoi encore !

Dans n’importe quel pays démocratique qui se respecte, la police serait intervenue dès les premiers signes pour expliquer à ces jeunes qu’il s’agit de diffamation et de publication d’une information mensongère, passibles de prison. Peut-être qu’en agissant aussi fermement, ces individus comprendraient que la liberté d’expression ne peut s’exercer que dans le cadre d’un Etat de droit, et que dans un Etat de droit, tous les citoyens sont tenus de respecter la loi.

Mais au-delà du volet répressif nécessaire pour la construction d’un pays moderne, les partis devraient jouer leur rôle constitutionnel d’encadrement des citoyens. Il est nécessaire ici de reconnaitre qu’un parti, le PAM, se distingue d’abord par la forte proportion des jeunes parmi ses militants qui ont une bonne maitrise des nouvelles technologies. Et ses dirigeants n’hésitent pas à déléguer cette tâche d’encadrement et de communication sur internet à ses jeunes qui, nous le voyons chaque jour sur Facebook ou sur Twitter, jouissent d’une aisance linguistique et font preuve de civisme sur la toile digne des partis des pays scandinaves. Toujours dans la critique constructive, ils n’hésitent pas à soigner l’image du pays de leurs parents avec intelligence et sang froid.

Nous nous devons de saluer cet engagement et inviter els autres partis à s’en inspirer car beaucoup de nos enfants croient qu’internet est une zone de non-droit où l’insulte est de rigueur, et salir la réputation d’un homme, un acte héroïque.

24 mai 2010

L'état de droit selon le Makhzan

Un ministre qui débarque en plein milieu d’une altercation entre deux citoyens pour sommer le policier qui les a arrêtés d’en libérer un ? Il n’y a rien là, du moins lorsqu’on vit au Maroc.

C’est ce qui s’est passé jeudi dernier à Rabat en face du parlement, ce symbole de la démocratie et de l’état de droit dont le Makhzan s’enorgueillit tant. Le ministre de la communication propagande marocaine Khalid Naciri s’est donc arrogé le droit de sortir son propre fils des griffes de la police, après que celui-ci ait été mêlé à une dispute avec un autre citoyen suite à un excès de rage au volant.

Cet épisode illustre à lui seul le mal qui gangrène la vie citoyenne au plusbeaupaysdumonde : Personne n’est à l’abri de l’arbitraire. Il aurait suffi par exemple que le fils de Naciri se soit battu avec un fils d’un ministre ou d’un technocrate plus haut placé que son père dans l’échelle makhzanienne pour que ça soit ce dernier qui reçoive l’immunité.  Je me rappelle d’un fait divers qui s’était produit quand j’avais 10 ou 11 ans : Un respectable homme d’affaire connu de la communauté s’était fait écraser et tué par un chauffard ivre et ce devant témoins. Il est apparu par la suite que ledit ivrogne était commissaire de police ; vous devinez la suite, le commissaire n’a jamais été inquiété et n’a même pas eu à changer de ville pour continuer à vaguer à sa mission, à savoir la protection des citoyens. Après cet épisode, j’avais compris les règles de jeu vie au Maroc.

Biensûr qu’il ne faut pas généraliser, biensûr que la vidéo glanée de l’épisode Naciri ne montre qu’un ministre fuyant la scène d’une rixe, emmenant par la même occasion son fils qui y était mêlé et protégé par la police de la vindicte populaire qui semble lui en vouloir pour d’obscures raisons , on n’a pas tous les détails mais putin que cela fait pitié.


Pour ajouter l’insulte (chetma) à l’injure (lhogra), le lendemain de ce cirque, Naciri était en déplacement à Agadir pour exprimer, ‘la ferme détermination du Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, d'aller de l'avant dans le processus de réforme de la justice.’

Malheureusement le ridicule ne tue pas.