7 novembre 2010

Comment défendre la marocanité du Sahara et rester fidèle à ses principes ?

Le dernier billet de Moorish Wanderer soulève un sujet assez délicat/cordesensible/lignerouge, à savoir la position des démocrates/nihilistes marocains sur le Sahara. S'il est clair que cette région qu'on nomme aujourd'hui le Sahara Occidental ou Provinces du Sud (dépendamment de quel râtelier vous mangez) a déjà fait partie du Maroc, les politiques et décisions que le Makhzan a prise et continue à prendre dans ce dossier et ce depuis 1956 ont tellement fragilisé cet état de fait que pour défendre la marocanité de ce territoire, on est obligé de faire le grand écart. Car, et c'est malheureux de se l'avouer, toutes ces décisions donnent plus de cartouches aux suppôts de l'Algérie qu'elles ne réconfortent la position historique du Maroc.

Pour rajouter à cet inconfort, les positions prises par le Makhzan sur d'autres sujets comme la démocratisation du Maroc ou l'avancement de la liberté de la presse ne sont pas de nature à rallier l'approbation des nihilistes. Les nihilistes se trouvent donc quand ils discutent Sahara à être dans le même camp que leurs adversaires makhzanistes.

Est-ce une raison pour autant de jouer la carte du nihilisme à outrance ? À cela, je réponds par un non. 

Il ne faut pas diaboliser l'autre mais plutôt jouer la carte du pragmatisme. Le Maroc est une monarchie et le restera, il en va de sa survie. Défendre alors la marocanité du Sahara s'inscrit dans un dessein plus grand que des simples querelles entre makhzanistes et nihilistes. Bien sûr que les premiers instrumentalisent cette cause pour faire avancer leur agenda (ou plutôt pour mettre un frein à toute avancée démocratique) mais cela ne saurait être prétexte à abdiquer une partie de notre territoire.

Je serai tenté de rajouter que par respect pour la mémoire de tous ces marocains qui se sont sacrifiés pour acquérir notre indépendance, on ne peut abandonner. Le patriotisme n'est pas l'apanage d'une seule catégorie de citoyens mais de tous les marocains et ce quelle qu'elle soit leur affiliation politique. Il est peut-être vrai qu'on n'a aucun mérite à soutenir aveuglément un pays où on est né car on n'a pas eu notre mot à dire là-dessus mais d'y vivre crée également des liens avec tous les gens qui y ont vécu et vivent encore.

Dans le débat sur le Sahara, on entend trop souvent de la part des séparatistes et des 'gentils' militants européens que le Maroc n'est pas une démocratie et invoquer qu'un hypothétique état arabe sahraoui (Allah yehfed) serait démocratique. Il serait de bon ton de rappeler que l'autre côté non plus n'est pas démocratique et est même loin d'avoir le niveau de démocratisation du Maroc : Autant l'Algérie que l'organisation du Polisario ne sont pas spécialement des « îlots de démocratie ». Merci Comical Khalid pour cette expression.

Cependant, le Maroc aurait tout intérêt à se démocratiser regardless de l'état de droit de ses adversaires.
Un Maroc démocratique bâti sur le modèle canadien ou espagnol de fédéralisme étoufferait toutes les velléités de séparatisme d'où est ce qu'elles peuvent bien vouloir venir.

Est ce que cela est envisageable dans un futur proche ? Encore une fois, je réponds par un non.