16 février 2022

Le respect selon les espagnols

Vendredi dernier le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares déclarait que : "Les relations avec le Maroc sont des relations très denses et complexes, avec des intérêts et des aspects très différents… Nous sortons d’une grave crise et nous travaillons pour aller de l’avant dans la reprise de la relation. Cette relation doit être fondée sur la confiance, le respect mutuel, sans actions unilatérales d’aucune des parties".

Rappelons que la crise dont parle M. Albares fait suite à l'accueil par les autorités espagnoles du chef des milices du Polisario pour le traiter du Covid. 

                                           


Il se trouve que le lendemain je faisais l'ascension du Jbel Moussa (12,3Km D+1155) et en redescendant, on a bifurqué vers l'Est pour longer l'ilot Laila et profiter de la vue époustouflante du Détroit de Gibraltar ainsi que pour apercevoir les petites familles de macaques de Barbarie qui vivent dans cette région. Mais quelle fut notre surprise de voir en plus de ces primates un bateau à moteur appartenant à la marine espagnole qui faisait la tour de cette ilot qui avait l'objet d'un incident diplomatique entre le Maroc et l'Espagne en 2002.



Les espagnols disent à qui veut bien les entendre que les relations avec le Maroc devraient être basées sur le respect, comme encore hier lors de la rencontre du ministre espagnol des affaires étrangères avec son homologue allemande. Ainsi, M. Albares a déclaré : "Après une crise très profonde avec le Maroc, nous construisons une relation du XXI siècle". Ainsi, les espagnols insistent énormément sur le mot respect mais veulent en même temps à tout prix garder la mainmise sur tous ces rochers sans aucune valeur stratégique et qui sont à un jet de pierre des côtes marocaines si ce n'est que pour nous rappeler à nous marocains qu'il n'y a pas si longtemps, ils étaient une puissance coloniale et faisaient bien ce qu'ils voulaient sur notre territoire.

S'ils sont le moindrement sérieux dans leur démarche, ils devraient alors arrêter ces rondes de leur marine et reconnaitre la marocanité du sahara. Les enclaves de Sebta et Mellillia pourraient par la suite faire l'objet de discussions calmes et cordiales et une solution pourrait facilement être trouvée.

Mais à voir les déclarations qui nous arrivent d'Espagne, il semblerait qu'on est encore loin de ce scénario et que nos "amis" espagnols rechignent à faire de réels pas vers une réconciliation définitive qui ferait des gens heureux des deux côtes du détroit. 


Macaque de Barbarie...





29 avril 2021

Pourquoi nos jeunes ne pensent qu'à immigrer ?

Les images tristes et horrifiques qui nous sont parvenues de Castillejos/Fnideq la semaine dernière d’une centaine de jeunes marocains se lançant des falaises vers une mer houleuse et agitée- profitant de l’absence des forces auxiliaires- pour essayer de parcourir les cinq cents mètres qui les séparaient de Sebta nous renvoient tous vers l’échec de notre modèle social.

Un adage populaire que nous avons tendance à sortir avec fierté dit que « personne ne meurt de faim au Maroc », alors qu’est ce qui pousse des adolescents qui devraient être sur les bancs de l’école ou un serveur trentenaire, père de famille et décédé noyé dans la tentative, à braver les vagues et le froid pour atteindre Sebta?  D’ailleurs, à quelques kilomètres de là, il n’y a pas si longtemps, on avait assisté à une autre scène d’horreur quand une embarcation, qui était sortie de Rincon/M’diq,  remplie de jeunes marocains voulant immigrer avait été interceptée et une jeune femme avait succombé à ses blessures suite aux tirs de la gendarmerie. Ces deux épisodes ne sont pas uniques : Il ne se passe un jour sans qu’il y ait des tentatives d’immigration illégale à partir de l’axe M’diq-Fnideq. Ce même tronçon où l’été se presse le gratin de Rabat et Casa pour passer leurs vacances et profiter des belles plages et des somptueuses villas pied dans l’eau.

Certains clameront haut et fort que c’est la faute à l’état ou que c’est juste la crise due au Covid (pourtant le décès de la jeune est arrivé en 2018) ou encore la faillite de notre système éducatif qui produit des chômeurs à la pelle et où 70% des entrants n’obtiennent aucun diplôme. Il y a également une part de responsabilité que doivent supporter les parents de ces jeunes qui semblent n’avoir aucun mot à dire sur l’éducation de leurs enfants ; ces derniers ayant succombé au mirage d’une vie meilleure en Europe. Enfin, il y a ce climat malsain ambiant où on voit des profs se faire tabasser dans la rue et des journalistes se faire accuser l’un après l’autre de viol. Ça se trouve, ce ne sont pas là les causes de cette tragédie mais les conséquences de l’effritement de notre contrat social.

D’ailleurs, qu’en ait-il du nouveau modèle de développement supposé insuffler une nouvelle confiance  et nous conduire vers l’émergence économique et sociale ?

13 octobre 2020

La Marina de la discorde de Tanger...

  Une des spécificités de la ville de Tanger est sa grande proximité avec l’Europe : En se baladant au centre-ville, sur la corniche, ou même dans certains quartiers éloignés comme El Mers, il suffit de lever la tête pour apercevoir la côte espagnole. Les initiés pourraient même vous indiquer et nommer les agglomérations espagnoles qu’on arrive à voir. Contrairement à d’autres villes marocaines construites dos à la mer, Tanger vit et respire la mer. Avant le transfert du fret maritime à Tanger-Med, et l’ouverture des usines de la zone franche la ville ne vivait qu’à travers l’ancien port et sa mini zone franche. Depuis, le port a été transformé en port de plaisance avec un ou deux départs par jour vers Tarifa.

 La transformation du port de Tanger-ville en port de plaisance s’est aussi accompagnée par la construction de commerces et surtout de cafés et de restaurants ainsi que d’un espace hôtel et résidences.

Selon le site web de la société gestionnaire du port, ce « projet doit respecter l’histoire et la culture de la ville et créer une dynamique et un espace de vie pour tous. Ainsi, tout en assurant l’intégration et la mise en valeur du quartier historique de la médina et de son littoral touristique, la reconversion du port de Tanger ville doit prendre en compte le développement de plusieurs pôles : plaisance, croisière, passager ferry, pêche, hôtelier, culturel, événementiel, commerce, animation, résidentiel et bureaux. »

 Mais voilà, ces constructions vont à l’encontre de ce qu’ils avancent : C’est une bâtisse massive, rectangulaire à multi-étages et qui cache la vue de la mer des passants venant du centre-ville et cache l’ancienne médina aux passants sur le boulevard Mohamed VI et comble de l’ironie coupe en deux la marina et obstrue la vue aux clients des restaurants (voir les photos ci-dessous).

 La transformation de Tanger à travers le programme Tanger-Métropole est indéniable et inéluctable et a permis de désenclaver certains quartiers, mettre les infrastructures à niveau et a embelli la ville en lui conférant certaines caractéristiques des grandes villes et ce malgré certains ratés ; par contre, qu’on permette à des promoteurs immobiliers (émiratis apparemment) de défigurer l’essence même de la ville me dépasse, et que le président de la commune, pjdiste de son état, défende ce projet me laisse perplexe.

 C’est triste à dire mais le seul espoir qui reste aux amoureux de Tanger est une colère royale, comme ce qui s’est passé dernièrement à Temara/Harhoura, pour que ce projet soit remis sur le droit chemin...

 





 

 

 

 

 

 

26 novembre 2017

Tanger-métropole ou le degré zéro de la politique municipale

Photo prise le 25/11/2017

Tanger-métropole ou le degré zéro de la politique municipale : Avant hier, on apprenait que la Wilaya de Tanger demandait un budget additionnel de 200 millions de dirhams pour compléter le programme "Tanger-métropole".
Il semblerait que les 7,5 milliards de DH alloués n'aient pas suffi à changer l'éclairage public qui illuminait bien la ville ou du moins mieux que le nouveau matériel, à construire deux passages souterrains et à tapisser la ville de gazon. Entre temps, le citoyen lambda doit toujours se taper l'odeur nauséabonde des égouts et quand le vent lui est défavorable, les émanations toxiques de la décharge publique (la brume sur la photo...)...
Quand au niveau national, Le PJD vient de refuser un 3e mandat à son chef. Du coup, Youssefi, Benkirane : Deux hommes, deux visions différentes pour la société marocaine mais les deux ont raté des occasions historiques pour faire avancer la démocratie...
Heureusement qu'il va pleuvoir inshallah la semaine prochaine sinon, ce tableau serait pas mal désespérant...

9 juillet 2017

Neuf changements qui arrivent dans la vie d'un coureur

Neuf changements qui arrivent dans la vie d'un coureur. Oui, Madame ! Même d'un coureur du dimanche...

1- Quand tu fais ta lessive, t'as plus de tshirts et shorts de sport que de chemises et pantalons.
2-Tu dors tôt le samedi (ou tu envoies balader les invitations) parce que le dimanche tu te lèves à 5h...
3- Tu sais à quoi correspondent des termes comme splits, fractale, stride, VMA...
4- La veille d'une course ou d'une sortie longue, tu prépares tes habits, tes chaussures et même ton sac à dos comme si c'était la veille de la rentrée de classe.
5- Quand c'est la période des soldes, tu vérifies en premier les rabais qu'il y a sur les chaussures de running.
6- Quand il t'arrive de donner un document officiel avec ta photo dessus, le ou la fonctionnaire ne te reconnait pas ou te sort "wow! C'est bien toi là?!!"
7- Tes collègues de travail et même ta famille te considèrent comme un oiseau rare...
8- Tu commences à connaître le nom de certains muscles dint tu ne te doutais même de leur existence...
9- Quand tu empruntes ton circuit fétiche, les gens te reconnaissent et te saluent ou te disent bessaha..

2 mai 2017

Le triomphe de la médiocrité

Aucun pays ne s’enlise dans la médiocrité du jour au lendemain. Cela n’arrive pas non plus, en quelques années. C’est un long processus qui est le résultat d’une chaîne de calamités qui va de l’école à la classe dirigeante.
Nous avons créé une culture où les médiocres sont les élèves les plus populaires en classe, où les médiocres sont les premiers à avoir une promotion au travail, où les médiocres sont ceux que les médias invitent comme experts et les médiocres sont les seuls pour qui on vote aux élections sans nous soucier de ce qu’ils vont faire ou ont fait, juste parce que c’est le seul choix que nous avons.
Nous sommes tellement habitués à la médiocrité que nous avons fini par l’accepter comme l’état naturel des choses. Les exceptions, les rares fois où il y en a sont au niveau du sport, et nous servent à nier l’évidence.
 Médiocre est un pays dont les citoyens consacrent 2 minutes par jour à la lecture et au sport et 2 heures 14 minutes à regarder la télévision.
Médiocre est un pays qui après plus de soixante ans de son indépendance en est encore à vivre une perpétuelle transition démocratique.
Médiocre est un pays où les vieillards tentent de se suicider par désespoir.
Médiocre est un pays où un ministre en charge d’un secteur où la mortalité dépasse les 4000 morts par an a le temps de bloguer sur des questions religieuses.
Médiocre est un pays où le marché des trains rapides a été octroyé sans appel d’offres.
Médiocre est un pays où on a réformé le système éducatif un nombre incalculable de fois sans résultat pour ne produire que des cancres.
Médiocre est un pays où près de 8.5% des citoyens n’ont pas accès aux soins les plus élémentaires, ce qui représente plus du quart de la population globale.
Médiocre est un pays qui a la plus ancienne université dans le monde encore en activité mais dont aucune université n’est classée parmi les meilleures au monde et qui oblige ses meilleurs étudiants à s’exiler pour survivre.
Médiocre est un pays où l’intelligence provoque la jalousie, la créativité est marginalisée et la prise de décision sanctionnée.
Médiocre est un pays qui n’a pas de loi d’accès à l’information digne de ce nom.
Médiocre est un pays qui a fait de la médiocrité le grand idéal national, poursuivie sans complexes par des milliers de jeunes qui ne rêvent que d’un agrément, de politiques qui ne sont pas capables de produire une seule idée et de chefs qui s’entourent de médiocres pour cacher leur propre médiocrité et d’étudiants qui ridiculisent les camarades qui font un effort pour ne pas tricher.
Médiocre est un pays qui a permis le triomphe des médiocres, stigmatisant l’excellence jusqu’à ne lui laisser que deux options : dégager ou se diluer dans la marée grise de la médiocrité.

2 avril 2017

Sept milliards de dirhams...

7 milliards de DH ! Oui ! Sept milliards de dirhams ! Voilà ce que le programme de Tanger métropole nous coûte.
Je ne vais pas vous la faire à la Omar Balafrej عمر بلافريج et vous donner l'équivalence de ces 7 milliards de DH en écoles ou en hôpitaux. Non ! Je vais juste vous énumérer ce que le citoyen lambda a réellement vu de cette manne financière tombée sur Tanger, grâce à la Volonté Royale, et ce à travers quelques initiatives.

Le plus gros changement a été au niveau des lampadaires ; ils ont changé les candélabres préexistants par des nouveaux, plantés les uns à la suite des autres à moins de dix mètres de distance... (quelqu'un a des indices sur le comment du pourquoi de l'octroi de ce juteux marché ? By the way ). Faut dire que les premiers étaient parfaitement fonctionnels et avaient surtout l'avantage de ne pas aveugler les automobilistes...

Ils ont aussi "casablanquisé" Tanger : ils ont construit deux simili tunnels, l'un à l'entrée de Tétouane et l'autre à l'entrée de Rabat. Quel a été l'Impact sur le trafic automobile ? Seul Allah le sait en l'absence de chiffres officiels...

Un autre changement a été au niveau des terrains vagues : là où l'œil du citoyen tombait sur des détritus et des sdf, ils ont monté des monticules de terre et planté du gazon dessus ! Comme si nous vivions en Suède et que le Maroc ne connaissait pas de problèmes liés au stress hydraulique... Ceci dit, j'avoue que c'est super beau quand tu conduis ou que tu cours...

Et puis, il y a les palmiers ! Ils ont poussé comme des champignons ! Partout à Tanger, le long des boulevards (et là, la même réflexion se pose que pour les candélabres : Le marché...)...
Depuis quand Tanger est connue pour ses palmiers ? Je ne sais pas. Tanger n'est pas Marrakech (Allah merci !), mais faut croire que dans la tête de certains c'est du pareil au même... Alors, on déracine les arbres du "boulibar" pour planter des palmiers, là où des oiseaux avaient un écosystème bien à eux et puis nous, pauvres tangérois, on avait l'habitude de marcher le long du "boulibard" et écouter leurs gazouillis qui effaçaient le bruit des autos et les commentaires machistes....

Et là, samedi dernier à 3h du matin, pour ajouter l'insulte à l'injure, ils ont décidé de déraciner des arbres et planter d'autres de la même espèce pour camoufler je  ne sais quel acte...

J'ai toujours tendance à dire hamdoullah mais là faut pas trop nous prendre des imbéciles...

#Tanger #Maroc #polma

3 septembre 2015

Demain c'est jour de vote


Demain c’est jour de vote et pourtant j’hésite sérieusement à y aller.

Entre le dégoût que certains candidats m’inspirent et le mépris que j’ai pour certains partis, ça ne me tente juste pas.

Entre les partis qui s’insultent à la télé et pourtant passent des pactes entre eux en catimini et les candidats aux postes de présidents de communes alors que ça ne fait pas dix ans qu’ils sont arrivés sans le sou dans ces communes, y en a marre.

Entre les appels sans vergogne de l’état à aller voter sous peine de passer pour des traîtres et les passages à tabac des militants de l’extrême gauche qui appellent au boycott, trop c’est trop.

Entre le vide intellectuel de certains candidats et la farce des programmes électoraux de certains partis, la coupe est pleine.

Entre ces tracts de campagne qui ont sali nos quartiers (distribués par ceux là qui seront en charge de la propreté de nos rues) et ces jeunes en triporteurs aux couleurs des partis sortis tout droit de Mad Max, je dis non.

Entre mes compatriotes qui n’ont pas daigné s’inscrire aux listes électorales et ceux qui trouvent la chose politique futile, je me dis à quoi bon ?

Et pourtant, demain j’irai voter malgré tout…

4 février 2015

Un Syriza au Maroc ?



La montée de Podemos en Espagne ou encore Syriza en Grèce est l’expression d’un phénomène beaucoup plus généralisé en Europe où ces partis ont profité du discrédit des partis conventionnels (corruption, mauvaise gestion des deniers publiques et usure de l’exercice du pouvoir), de la crise économique et de la faillite des politiques de sortie de crise (l’austérité) pour se mettre en avant-plan. C’est ce même phénomène qui a vu dans les vieilles démocraties comme la France, la Grande Bretagne, la Suède et même l’Allemagne, où au lieu de l’extrême gauche c’est l’extrême droite qui en a profité…
La question est de savoir si on peut tirer une leçon pour le Maroc de tous ces changements dans le pourtour méditerranéen ?
Il me semble qu’on n’a pas du tout la même grille de lecture, car ces changements sont apparus dans des démocraties bien établies, ce qui est loin d’être le cas du Maroc.
De plus, en Europe certains indicateurs ne sont pas du tout les mêmes que pour le Maroc. Que ça soit pour le taux d’alphabétisation, le taux de natalité ou le taux de scolarisation. En d’autres termes, ce sont des sociétés où la population est consciente de la chose politique.
D’autre part, et malgré ce que certains pourraient en dire, les médias jouent le jeu et ont donné la parole à ces partis qui étaient marginaux avant qu’ils ne grandissent. Du coup, le message qu’ils portent a pu se divulguer.
Au Maroc, et l’exemple du ‘ mouvement 20 février’ est là pour en attester, les médias sont cadenassés et ne portent que le message ‘officiel ‘ et même lorsqu’il leur arrivait de donner la parole à des gens du ‘20 février’, on avait droit à de jeunes adultes imberbes et incapables de « connecter » avec monsieur et madame tout le monde.
Enfin, le champ politique marocain n’est pas du tout comparable à ceux où ce vent d’optimisme est apparu. Au Maroc, le paysage politique n’obéît pas à une logique gauche-droite mais plutôt à quel parti est le plus proche du Sérail. Et malgré que dans la population, l’opinion la plus partagée est que tous les politiques sont corrompus on ne voit pas bien qui pourrait bien les supplanter dans les partis déjà constitués.
On a bien deux mouvements de gauche, le mouvement ANFASS et le mouvement Clarté Ambition Courage qui ont beaucoup de similitude avec Podemos et Syriza mais encore là ils sont loin d’être connus sur la scène politique et malgré quelques initiatives ici et là n’arrivent tout simplement pas à percer dans le paysage politique.
Encore une fois, on réalise que le changement se fait à portée de vue mais sans qu’on puisse en bénéficier…

8 juillet 2014

Tanger-Métrople, le volet infrastructures

Dans le cadre du programme Tanger-Métropole lancé par Sa Majesté le 26 septembre 2013, un budget de 727 millions de DH a été dédié à renforcer les infrastructures urbaines. A l’intérieur de ce cadre, le projet d'aménagement des boulevards de la ville consiste en l'élargissement des routes, la création de voies réservées aux autobus, le revêtement des trottoirs, la pose du mobilier urbain, la modernisation du réseau de signalisation et d'éclairage public et l'aménagement d'espaces verts.

Dans les faits, cela se traduit par le remplacement des candélabres (lampadaires publiques) fonctionnels et qui avaient été installés l’année d’avant ; par l’élargissement des routes dans des conditions de sécurité difficiles pour les ouvriers et les citoyens ; par le remplacement également des bordures des trottoirs  et l’installation de gazon dans des plates-bandes au milieu des routes, dans les ronds-points  et aux abords des grands axes. 

Le remplacement des candélabres déjà existants et tout à fait fonctionnels ne suit aucune logique : La distance entre les nouveaux candélabres installés semble aléatoire, varie et parfois est inférieure à  10 mètres. Quand on sait que le prix d’un candélabre dépasse souvent les 70 000 DH, on est en droit de se poser des questions sur l’utilité de planter des lampadaires aussi proches l’un de l’autre et soulève des questions de bonne gouvernance.

"En effet, les grandes métropoles se dotent d'un éclairage durable, non énergivore à l’aide d’un schéma directeur d'aménagement lumière. Ce document étaye la politique et la stratégie de mise en lumière de la ville, il prévoit le type de candélabre pour chaque voie routière ou piétonne, sa hauteur de feu, son intensité, sa source lumineuse et sa température couleur. Malheureusement, certaines des voies routières à Tanger sont actuellement éclairées avec des candélabres prévus pour des voies secondaires ou piétonnes. Ces candélabres n'éclairent pas les voies mais juste les pieds de mâts. De plus ils créent un éblouissement dangereux pour les automobilistes qui ne voient plus la route. Il faut éclairer là où il le faut et quand il le faut car la ville n'est pas un parc d'attraction. De plus, il est nécessaire de restituer à la nuit sa part d'obscurité et doter note ville d'une scénographie nocturne digne de Tanger."*
D’ailleurs, ces candélabres installés à Tanger sont les mêmes que ceux installés à Tétouane même si les deux villes différent de par leur architecture, histoire et climat…

Quant à l’élargissement des axes routiers de la ville, cela se fait dans des conditions de sécurité exécrables pour les ouvriers et pour les citoyens. Les signaux avisant des travaux sont absents ou bien sont installés sur le site même des travaux ne laissant aux conducteurs que peu de temps pour ralentir. D’autre part, lors de l’installation des ronds-points les conducteurs sont laissés à eux –mêmes car les feux rouges sont désactivés et on peut deviner le nombre d’accidents qui en résulte. Enfin, en plus de remplacer le revêtement des trottoirs, leur bordure est remplacée alors que celle-ci est encore fonctionnelle et est même meilleure que la nouvelle qui n’est faite que de ciment contrairement à la pierre.

Enfin, l’aménagement d’espaces verts se traduit dans la réalité surtout par la pose de gazon sur certains trottoirs –ceux des quartiers réputés huppés de la ville comme Jbel Lekbir- et donc par le rétrécissement de la superficie que les citoyens peuvent utiliser pour marcher (imaginez une maman avec une poussette qui doit slalomer entre les arbres plantés au milieu des trottoirs et le gazon pour rester sur le trottoir…) ; mais également, par la pose de gazon dans plates-bandes séparant les grands axes routiers comme l’avenue du Royaume de l’Arabie Saoudite et à l’intérieur des ronds-points.
Sachant que pour chaque m² de gazon, il faut 20 litres par an, imaginez alors la consommation d’eau de la municipalité de Tanger. Espaces verts ne veut pas dire nécessairement gazon ! Pourtant le Maroc s’est doté d’une charte nationale de l’environnement et de développement durable suite aux directives de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, lors de son discours du Trône du 30 Juillet 2009. 

Malheureusement, tant et aussi longtemps que la politique de développement des villes passe par des institutions non élues et donc ne rendant compte à personne et tant que les maires des villes ont des pouvoirs limités, cette situation perdurera. 

*Ce paragraphe a été pris du groupe FB Société civile tangéroise suite à la publication de ce billet.