La montée de Podemos en Espagne ou encore Syriza en Grèce est
l’expression d’un phénomène beaucoup plus généralisé en Europe où ces partis
ont profité du discrédit des partis conventionnels (corruption, mauvaise
gestion des deniers publiques et usure de l’exercice du pouvoir), de la crise
économique et de la faillite des politiques de sortie de crise (l’austérité) pour
se mettre en avant-plan. C’est ce même phénomène qui a vu dans les vieilles
démocraties comme la France, la Grande Bretagne, la Suède et même
l’Allemagne, où au lieu de l’extrême gauche c’est l’extrême droite qui en a
profité…
La question est de savoir si on peut tirer une leçon pour le
Maroc de tous ces changements dans le pourtour méditerranéen ?
Il me semble qu’on n’a pas du tout la même grille de
lecture, car ces changements sont apparus dans des démocraties bien établies,
ce qui est loin d’être le cas du Maroc.
De plus, en Europe certains indicateurs ne sont pas du tout
les mêmes que pour le Maroc. Que ça soit pour le taux d’alphabétisation, le
taux de natalité ou le taux de scolarisation. En d’autres termes, ce sont des
sociétés où la population est consciente de la chose politique.
D’autre part, et malgré ce que certains pourraient en dire,
les médias jouent le jeu et ont donné la parole à ces partis qui étaient marginaux
avant qu’ils ne grandissent. Du coup, le message qu’ils portent a pu se
divulguer.
Au Maroc, et l’exemple du ‘ mouvement 20 février’ est là
pour en attester, les médias sont cadenassés et ne portent que le message
‘officiel ‘ et même lorsqu’il leur arrivait de donner la parole à des gens
du ‘20 février’, on avait droit à de jeunes adultes imberbes et incapables de « connecter »
avec monsieur et madame tout le monde.
Enfin, le champ politique marocain n’est pas du tout
comparable à ceux où ce vent d’optimisme est apparu. Au Maroc, le paysage
politique n’obéît pas à une logique gauche-droite mais plutôt à quel parti est
le plus proche du Sérail. Et malgré que dans la population, l’opinion la plus
partagée est que tous les politiques sont corrompus on ne voit pas bien qui
pourrait bien les supplanter dans les partis déjà constitués.
On a bien deux mouvements de gauche, le mouvement ANFASS et
le mouvement Clarté Ambition Courage qui ont beaucoup de similitude avec
Podemos et Syriza mais encore là ils sont loin d’être connus sur la scène
politique et malgré quelques initiatives ici et là n’arrivent tout simplement
pas à percer dans le paysage politique.
Encore une fois, on réalise que le changement se fait à
portée de vue mais sans qu’on puisse en bénéficier…
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