26 mars 2010

Femmes immigrantes subsahariennes : Coupables d'avoir été violées

Il n'y pas si longtemps, le cas d'une jeune marocaine immigrée en France qui avait été arrêtée dans un commissariat alors qu'elle venait y porter plainte et demander de l'aide,  avait soulevé l'indignation d'associations de défense des droits des femmes.  Autant en France qu'au Maroc, son pays d'origine, l'opinion publique s'en était offusquée et on avait dénoncé le fait qu'une femme déjà en situation précaire ait à subir le foudres des autorités censées la défendre.

Voilà qu'on apprend aujourd'hui que le sort des femmes immigrantes subsahariennes au Maroc n'est pas mieux (pour utiliser un euphémisme, bcp plus pire en fait). Ainsi, l'antenne locale de Médecins Sans Frontières (MSF) dénonce le traitement réservé à ces femmes qui sont violentées, violées et n'ont aucun recours pour faire face à cela.

Toujours selon MSF, plus de la moitié de ces femmes qui empruntent le passage de Maghnía (entre l'Algérie et Oujda) a subi un viol et le tiers d'entre elles a été victime de viol sur le territoire marocain.
Ces dernières ne peuvent malheureusement pas porter plainte. En effet, 'on leur interdit de rentrer dans les commissariats accompagnées des représentants des ONG. Elles doivent y rentrer seules et ce qui arrive alors, c'est qu'on ne les revoit plus qu'après qu'elles soient renvoyées en Algérie' de raconter la responsable des affaires humanitaires de MSF au Maroc.

Il est clair qu'il n'y a pas de volonté politique au Maroc pour s'attarder au sort fait à ces femmes et aux immigrants subsahariens en attente de passer à l'Europe ; la seule politique qui semble se dégager des actions des autorités est d'expulser les immigrants subsahariens arrêtés lors de rafles aléatoires (sûrement avant le passage d'un dignitaire pour rendre la place plus clean) et cela en les lâchant dans le désert sans eau et sans vivres. Biensûr que le Maroc a d'autres chats à fouetter et d'autres dossiers plus urgents à régler mais on ne peut accepter que de telles horreurs se produisent dans notre pays sans qu'on ne réagisse.

Liens :
ABC - Coupables d'avoir été violées [espagnole]
Rue89 - Au Maroc la vie sans avenir des jeunes expulsés 

12 mars 2010

L'anonymat des blogueurs *


Depuis que les blogs ont fait leur entrée dans le monde du commun des mortels et surtout depuis que les journalistes découvrent ce puissant moyen de communication, il y a un débat récurrent sur l'anonymat derrière lequel les blogueurs se cachent.  
La blogosphère (je ne sais pas si les journalistes payés pour bloguer en font partie mais passons sur cette technicalité) québécoise a été prise d'émoi pour connaître la personne derrière http://www.cliqueduplateau.com/ Les journalistes-blogueurs ne pouvaient sûrement pas accepter qu’un blog ait autant de popularité et qu’il vise juste la plupart du temps.
Je ne me suis jamais senti personnellement touché par ce brouhaha, bien que de temps en temps, et remarquez bien l’ironie, des commentateurs anonymes s’en prennent à ma crédibilité en invoquant le fait que je blogue juste avec mon prénom.
La plupart des billets publiés par les blogueurs sont des opinions ou des chroniques ou encore des textes personnels dont tout le monde se fout. En quoi alors connaitre l’identité de l’auteur de l’opinion est important ? Quant aux blogs qui publient des nouvelles originales -et ils sont rares ceux-là- le lecteur devrait être capable de discerner le vrai du faux sans se baser sur l’identité du blogueur et à ce jeu de comparaison là, il me semble que les journalistes ont plus à perdre qu’à gagner car les exemples de médias ayant publié des nouvelles fausses ou fallacieuses sont légion malheureusement.
 Quand j'ai commencé à bloguer, mon nom de famille était bien visible dans l'url de ce blog ; d'ailleurs sur certains blogs, on peut encore voir que j'ai été référencé en tant que Reda Nomdefamille. J'ai décidé de l'enlever pour deux raisons : La première c’est lorsqu'un ex-patron m'a fait part qu’il m’avait googlé et était tombé sur un de mes billets où je m’étais lâché (Je vous accorde que cela arrive souvent), sa remarque ne contenait aucun reproche mais je me suis rendu compte qu’il venait de voir une facette de moi que j’essaye (sans succès d’ailleurs) de ne pas trop montrer au travail.
Une autre raison de mon relatif anonymat, et l’actualité au Maroc m’a aidé à bien y réfléchir depuis les deux ou trois dernières années, c’est que je ne blogue pas léger.
Je m’explique : La plupart des sujets qui m’allument sont reliés à la politique, qu’elle soit canadienne, québécoise ou marocaine. Si je ne traitais que des deux premières, je pense que j’aurais laissé mon nom bien visible dans l’url de ce blog mais voilà, je blogue aussi et surtout politique marocaine, et mes positions ne sont pas vraiment tendres avec le Makhzan (quoique certains me reprocheront ma position sur le Sahara marocain), et comme je suis peut-être courageux mais pas inconscient, je n’ai pas envie de me retrouver icône d’une campagne de libération d’un blogueur emprisonné pour ses opinions. (Je veux vivre moi monsieur)
Est-ce que l’anonymat est acceptable ? Chaque blogueur a ses propres raisons qui le poussent à bloguer anonymement ou pas mais cela ne devrait pas servir à discréditer les opinions mises de l’avant. D’ailleurs, je n’hésite jamais à répondre à ceux qui attaquent les blogueurs sur ce point que rien mais absolument rien ne les oblige à continuer à lire un blog s’ils ne sont pas contents du contenu.
*J'ai hésité à donner comme titre à ce billet : Le relatif anonymat des blogueurs. Car ne soyons pas dupes, il suffit de creuser un peu pour trouver la véritable identité de tout un chacun.

Ajout :
Je viens de tomber sur une publication de Reporters sans frontières sur les droits et devoirs des blogueurs, le document en format pdf est téléchargeable ici.
On peut y lire notamment : 
''Droit à l’anonymat : le blogueur peut écrire sous un pseudo, sous un prête- nom ou ne pas signer
ses posts. Il n’a pas d’obligation de mentionner ses coordonnées personnelles directement sur son
blog.
Cependant il doit pouvoir être identifiable en cas de litige. Il est donc impératif de communiquer
certaines mentions :
• Sur son blog : nom, dénomination ou raison sociale et coordonnées de l’hébergeur
• A son hébergeur : il doit communiquer ses coordonnées personnelles. Communiquer de fausses informations à l’hébergeur est un délit. Les hébergeurs ont en outre l’obligation de conserver pendant un an les logs de connexion, dont l’adresse IP.''

4 mars 2010

Après le voile, voilà le niqab


J'avais déjà écrit tout le bien que je pensais de la mode des accommodements raisonnables. Je trouvais alors que cela n’était que passager et que l'ordre des choses (comme la polémique sur la couleur de la margarine) reprendrait sa place. 
Je me suis trompé. J'ai sous-estimé l'attrait médiatique de toute affaire impliquant des immigrants, attrait qui trouve d'ailleurs racine dans cette fascination-peur des gens (pour la plupart vivant à l'extérieur de Montréal) pour tout ce qui ne leur ressemble pas. J'ai surestimé par contre le courage politique du gouvernement Charest et sa volonté d'endiguer ce phénomène qui lui grugeait des votes à sa droite avec l'ADQ et sur son flanc souverainiste avec le PQ. Ainsi, la commission Bouchard-Taylor n'aura servie finalement qu'à être un défouloir pour tous les marginaux du Québec qui sont venu crier à son micro leurs chimères et à ce que Pauline Marois traite Gérard Bouchard d’Elvis Gratton.
Après une brève accalmie de quelques mois en 2009, on reprend les mêmes (immigrants, de préférence juifs ou musulmans, et des médias à la recherche d’attention) et on recommence. Le dernier épisode met donc en scène une égyptienne de 28 ans, pharmacienne de son état et accessoirement enniqabée*. La dame en question qui profite de cours de francisation offerts aux nouveaux arrivants s’obstine à cacher sa face pendant les cours malgré les demandes pressantes de son enseignante. L’escalade a fini par son éviction de classe après que le ministère de l’immigration du Québec s’en soit mêlé.
Je ne m’attarderai pas aux raisons pédagogiques pour lesquelles il est essentiel de voir le visage des élèves dans les échanges afin de pouvoir corriger leur élocution et de voir leurs expressions faciales. D’autres le feront mieux que moi et surtout s’y connaissent mieux que moi.
Autant pour le voile (que j’abhorre personnellement), je trouve que son interdiction en classe ou dans tout autre endroit publique ouvrirait la boite à Pandore et on devrait à ce moment là interdire tout signe religieux ou ostentatoire ; et on en finirait jamais sauf si à se trouver en France et que le racisme ne nous dérange pas ; autant pour le niqab ou la burka, je suis complètement opposé à la présence de personnes les portant dans l’espace publique. Passons outre le fait que vous nous pouvez pas identifier la personne et les conséquences sociales et sécuritaires qui en découlent, mais vous êtes vous déjà trouvé en face d’un niqab ou d’une burka ? Vous vous sentez agressés, incapables de communiquer avec l’autre et c’est vous qui finissez par être dénudés et désemparés.
Cet épisode soulève enfin un questionnement sur le travail d’Immigration Canada et d’Immigration Québec et sur leurs processus. Est-ce que ces deux organisations font un travail d’explication et de sensibilisation, auprès des demandeurs d’asile et d’immigration, pour expliquer les valeurs de la société qu’ils veulent rejoindre, ainsi que la place prépondérante de l’égalité des femmes et des hommes dans la vie de tous les jours ? Est-ce que l’enniqabée avait conscience de la galère dans laquelle elle s’engageait en immigrant au Québec ?
Nous avons tous entendu parler des histoires d’horreur de personnes à qui on a refusé la résidence permanente pour des raisons plus futiles les unes des autres, ne pourrions-nous pas baliser le processus de sélection pour éviter des situations comme celles que nous vivons présentement ?
*Personne portant le niqab.

3 mars 2010

Pourparlers informels sur le Sahara marocain : Mauvais interlocuteur

Les pourparlers informels sur le Sahara entre le Maroc et le Polisario qui se sont tenus les 10 et 11 Février dernier près de New York, se sont terminés et cela sans surprise sur une note d'échec et sans aucune avancée tangible.
On pourrait s'attarder à trouver une explication dans les positions irréconciliables des deux protagonistes mais il semble que le problème réside dans le fait que le Maroc ne discutait pas avec le bon interlocuteur. Si jamais une solution politique devait être trouvée, elle se ferait avec l'Algérie et non avec les pantins du Polisario.

On pourrait disserter longtemps sur l'aide, tant militaire qu'économique, que les algériens fournissent aux mercenaires du Polisario et que de par ce fait même ces derniers se trouvent obligés de suivre la ligne directrice dictée par Alger pour ne pas voir leurs vivres coupées, mais passons et soyons plus objectifs.
En effet, deux dépêches apparues sur le fil de presse  les deux dernières semaines tendent à démontrer l'importance que l'Algérie octroie au Sahara et la place prépondérante qu'occupe ce dossier pour sa diplomatie.

Ainsi, lors d'une réunion tenue à Alger le 21 Février dernier entre le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia et l’envoyé spécial du président Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, on apprend que le [Premier ministre a soulevé plusieurs points qui empoisonnent les relations entre Alger et Paris  : l’affaire Mohamed Ziane Hasseni, le dossier vide des moines de Tibhirine, la question du Sahara occidental et les essais nucléaires français en Algérie].

D'autre part,  [le comité bilatéral algéro-britannique a tenu avant-hier, à Londres sa quatrième session, sous la co-présidence du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, et du ministre  d’Etat britannique aux Affaires étrangères, M. Ivan Lewis. Les deux délégations ont  échangé leurs vues sur les derniers développements qu’a connus la question du  Sahara occidental, à la lumière de la seconde rencontre informelle entre le  Front Polisario et le royaume du Maroc qui s’est tenue à Armonk (New York),  les 10 et 11 février dernier, de la prochaine visite de l’Envoyé personnel du  secrétaire général de l’ONU dans la région, l’ambassadeur Christopher Ross,  et enfin de l’examen par le Conseil de sécurité, à la fin du mois de mars 2010,  du rapport du secrétaire général de l’ONU".
Cet échange s’est focalisé, précise la même source, sur la  situation des droits de l’homme au Sahara occidental, "source de préoccupation   pour la communauté internationale et qui interpelle aujourd’hui le Conseil de sécurité  et le secrétaire général de l’ONU".  De même, ajoute-t-on, qu’elles se sont attardées sur le processus onusien  de mise en œuvre du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.]


L'obsession  de l'Algérie et des algériens avec le Maroc et ses provinces du sud est maladive et tant est aussi longtemps que le Maroc ne se décidera pas à leur en parler de front et à les faire s'assoir autour de la table des négociations, il n'y aura pas de solution politique en vue pour le Sahara.