Pierre Foglia a commis une chronique où il décrit très bien le sentiment que j’ai face au mouvement de solidarité à la cause tibétaine :
Le Tibet, c'tu du sport? En tout cas, c'est assez formidable de voir comme vous devenez tous gagas quand il s'agit du Tibet. J'entends des baptisés de la religion catholique qui ne seraient pas foutus de réciter un Notre-Père mais qui discourent couramment et mieux que Richard Gere sur la 14e réincarnation de bodhisattwa, sur le véhicule de diamant, et sur quelques autres niaiseries lamaïstes devant lesquelles, moi, rationaliste et laïc, je suis censé me prosterner comme devant une grande découverte, mettons l'invention de la brouette.
La burqa, non mais quelle honte! Sont-ils assez obscurantistes, ces musulmans? Tandis que les incantations et les visualisations du tantrisme tibétain, holà madame chose, ça, c'est de la spiritualité, pis sont-tu assez cutes avec leurs petits bonnets jaunes?
Je serais plus sensible au prêchi-prêcha du dalaï s'il était moins subventionné par les mouvements religieux de la droite américaine, si on le voyait moins souvent avec Bush, s'il n'avait pas déjà pris la défense d'Augusto Pinochet, s'il n'avait pas été employé longtemps par la CIA (documents rendus publics par le département d'État en 1998).
Je serais plus sensible à un discours qui ne nous prendrait pas pour des valises en nous racontant qu'avant les Chinois, le Tibet était un paradis. La vérité, c'est qu'avant les Chinois, le Tibet était pauvre comme la gale, et intégriste comme n'importe quelle autre théocratie, les lamas étaient très riches et les paysans crevaient de faim. Depuis l'occupation par les Chinois, les paysans crèvent toujours de faim et les lamas sont persécutés. C'est pas une raison pour nous raconter des conneries sur avant.
Je serais plus sensible à l'appel d'un boycottage si l'insurrection n'était pas téléguidée par des prosélytes bouddhistes européens et nord-américains qui ont commandé aux Tibétains une insurrection clés en main, marquée du sceau olympique avec, en sport de démonstration, le lancer du moine.