26 février 2010

Comment se soustraire du service des forces du mal ?

Extrait de The Power of Myth(Joseph Campbell, Bill Moyers). Traduction glanée chez Jacques Languirand.
Campbell :
"Les masques effrayants que portent, dans La guerre des étoiles, les gens au service des forces du mal représentent en fait une force monstrueuse dans le monde actuel. Lorsque Darth Vader se retrouve sans son masque, on découvre un homme immature, qui ne s’est pas développé en tant qu’être humain. Ce que l’on découvre, c’est en fait un visage pour ainsi dire pitoyable.
Moyers :
"Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Campbell :
"Darth Vader n’a pas développé son humanité. Il est un robot. Il est un bureaucrate, qui ne vit pas selon ses valeurs mais selon celles que lui impose le système. Tel est le défi que nous devons tous relever aujourd’hui dans nos vies. Est-ce que le système va t’écraser et nier ton humanité ou parviendras-tu à utiliser le système pour la réalisation d’objectifs humains? Quel rapport entretiens-tu avec le système, qui t’assure que tu ne le serves pas de façon compulsive? [...] L’attitude à adopter consiste à se définir dans cette période de l’histoire comme un être humain. [...]"
Moyers :
"En faisant quoi?"
Campbell :
"En demeurant attaché à ses propres idéaux et, comme Luke Skywalker, en repoussant les exigences impersonnelles du système."

21 février 2010

Pourquoi je suis favorable à une loi sur la Palestine

''On dit : « Gare à l’amalgame ! Gare, en focalisant l’attention sur la Palestine, à ne pas alimenter un antisémitisme qui ne demande qu’à se déchaîner et qui serait lui-même une forme déguisée de racisme – on l’a empêché de s’infiltrer, ce racisme, par la grande porte du débat sur l’identité nationale ; va-t-on le laisser revenir par la fenêtre de cette discussion sur la Palestine ? ». Sophisme, là encore. Increvable mais absurde sophisme. Car ceci n’a rien à voir avec cela. L'antisémitisme, on ne le répètera jamais assez, n’est évidemment pas un racisme. Je ne suis, personnellement, pas antisémite. J’ai trop le souci du spirituel, et du dialogue des spiritualités, pour être hostile à telle religion ou à telle autre. Mais leur libre critique en revanche, le droit de se moquer de leurs dogmes ou de leurs croyances, le droit à la mécréance, au blasphème, à l’apostasie, sont des droits trop chèrement acquis pour que nous laissions une secte, des terroristes de la pensée, les annuler ou les fragiliser. C’est de Voltaire qu’il s’agit, là, pas de la Palestine. C’est des Lumières d’hier et d’aujourd’hui qu’il est question, et de leur héritage non moins sacré que celui des trois monothéismes. Un recul, un seul, sur ce front – et ce serait un signal donné à tous les obscurantismes, tous les fanatismes, toutes les vraies pensées de haine et de violence.''

Ce paragraphe est inspiré d'un billet du 'grand philosophe français' Bernard Henri Lévy. Je me suis amusé à changer deux mots : Burqa pour Palestine et islamophobie par antisémitisme.

13 février 2010

Place aux Jeux ! Mais juste en anglais.

Le français évacué de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Vancouver 2010.

Hier soir lors de la cérémonie d’ouverture des 21e Jeux olympiques d'hiver de Vancouver, le français faisait figure de parent pauvre de l’olympisme. Autant les discours des officiels que les prestations des artistes invités ont complètement évacué le fait français ou bien réduit sa présence au strict minimum.

Cette cérémonie haute en couleurs a mis de l’avant les cultures des premières nations indiennes qui ont été honorées et dont l’apport au Canada a été souligné de belle manière. Cependant, seule une partie du discours du président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge, et une prestation peu convaincante du chanteur Garou ont rappelé aux spectateurs du stade B.C. Place et aux millions de téléspectateurs que le français était l’une des deux langues officielles du CIO et du pays hôte.

Les organisateurs ont également fait appel au poète et slameur Shane Koyczan qui a interprété un texte poétique en anglais où il livrait sa vision du Canada en s’adressant directement au reste du monde. Encore là, le fait que neuf millions de personnes parlent français au Canada, et 2,5 millions d'entre elles habitent à l'extérieur du Québec n’a pas semblé peser lourd dans la balance. Aucune mention à ces statistiques dont le Canada s’enorgueillit pourtant sur la scène internationale n’a eu sa place dans cette prestation.

Ainsi, pour un pays dont les deux langues officielles sont l’anglais et le français et qui disposait d’une vitrine unique qu’est la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques d’hiver, le Canada a fait fi des coutumes du CIO et de sa propre politique des langues officielles et a décidé de communiquer dans la langue de Shakespeare.

Ceci dit, il y a bien un mot d’origine française que tous les intervenants ont plus ou moins prononcé lors de leurs allocutions, c’est bienvounou.
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Mise à jour: Cyberpresse publie aujourd'hui deux textes sur le sujet.
Chronique de Réjean Tremblay à La Presse.
Texte de Caroline Touzin à la Presse.

11 février 2010

Meilleur des royaumes


‘‘Il n’y a, bien entendu, aucune raison pour que les totalitarismes nouveaux ressemblent aux anciens. Le gouvernement au moyen de triques et de peloton d’exécution, de famines artificielles, d’emprisonnements et de déportations en masse, est non seulement inhumain (cela, personne ne s’en soucie fort de nos jours) ; il est – on peut le démontrer – inefficace : Et, dans une ère de technologie avancée, l’inefficacité est le péché contre le Saint-Esprit. Un état totalitaire vraiment ‘efficient’ serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude. La leur faire aimer – telle est la tâche assignée dans les états totalitaires d’aujourd’hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chef de journaux et aux maîtres d’école.’’ 
Aldous Huxley, 
Nouvelle préface au  
Meilleur des mondes, 1946