L'islam, en tant que culture et en tant qu'entité politique, est imprégné de l'idée que la femme est une force incontrôlable - un 'autre' insondable. Tous ces débats sur les droits de la femme qui secouent actuellement les parlements des États musulmans, de Dakar à Djakarta - débats passionnés sinon hystériques - , sont, en fait, des débats sur le pluralisme. Et s'ils se sont focalisés sur la femme, c'est bien parce que celle-ci est 'l'étranger' à l'intérieur de la umma, la communauté islamique. La femme est le symbole de la différence et donc de la nature hétérogène de la umma. Elle force la communauté, par sa simple apparition comme acteur à part entière (donc dévoilée) dans l'espace public où la décision politique se prend, à s'accepter comme étant composée d'éléments hétérogènes, et donc à gérer la diversité. Rien d'étonnant, donc, à ce que la prmière décision de l'imam Khomeyni, fondateur d'une paradoxale 'république' islamique en 1979, fut de voiler les femmes. Élections, oui. Pluralisme, non. L'imam savait parfaitement ce qu'il faisait. Il savait qu'en permettant aux femmes de siéger sans voile dans 'son' parlement islamique, il aurait reconnu implicitement que la umma, la communauté des croyants, n'est pas homogène : Admettre sa diversité aurait impliqué une gestion pluraliste.
Pourtant, dans la première cité musulmane, la Médine du prophète, où le droit au pluralisme et à la divergence était la règle, Sukaina bint al Hussain, la petite-fille du prophète, siégeait au majliss de Quraich, l'équivalent des parlements modernes. Elle était même renommée pour être barza, c'est à dire qu'elle refusait de porter le voile.
Fatema Mernissi, Le Harem et l'Occident
1 commentaire:
Réponse au titre:
C'est pour ramener le voilier à bon port.
Faudrait juste s'assurer du sens du voile dans le cas de soukaina. Le voile tel qu'il est connu aujourd'hui n'éatit pas des moeurs de cette époque.
Par contre VOILE au sens de HIJAB (voir le sens polysémique arabe) signifie à cette époque une séparation physique (sorte de rideau) entre femms et hommes comme dans la prière.
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