9 novembre 2009

Le coeur à découvert

''Il y a des années, comme ça, où les feuilles n'ont pas le temps de sécher sur les branches. En fin d'après-midi, Montréal flambe dans un délire de couleurs violentes et le lendemain matin tout est brun, mort, sec, comme un feu qu'on a laissé mourir. La tristesse vous tombe dessus au saut du lit et vous vous dites pour la millième fois quel pays de cul, quelle absurdité, qu'est ce que je fous ici, enterré pendant six mois de l'année dans la neige sale, la sloche, le sel, le froid, les maisons surchauffées,les rhumes de cerveau, les bronchites, maudite marde! J'ai calculé depuis peu que nos arbres ne portent des feuilles que cinq mois par année et l'absurdité de la chose m'a jeté par terre. Pas étonnant que nous soyons un peuple défaitiste!'' Michel Tremblay, Le coeur à découvert.

Je découvre la littérature québécoise, petit à petit, il a fallu que je m'éloigne de Montréal pour qu'enfin je me décide à le faire (une autre contradiction de ma vie). Le cœur à découvert parle d'amour (pas du tout confortable d'ailleurs), d'incertitudes et d'interactions humaines entre différents personnages vivant chacun une situation conflictuelle avec lui-même ou avec la société. Ce roman décrit aussi le Montréal des années quatre vingt avec ses différents quartiers et sa vie propre pour qui je ressens un pincement au cœur à chaque fois que j'y pense.
Michel Tremblay se permet à travers ses personnages de jeter un regard sur la société et les choses de la vie; comme dans le passage reproduit ci-haut où il pointe du doigt une facette des québécois que j'avais pressenti mais que je ne m'étais jamais expliqué : Leur défaitisme. Son explication en vaut bien une autre. D'ailleurs, ce trait là, je pense qu'on le retrouve aussi chez les marocains mais causé par une tout autre raison que le mauvais temps ou le froid, mais ne gâchons pas notre plaisir en mélangeant littérature et politique.

3 commentaires:

Onassis a dit...

Je t'avoue ne m'être jamais "attaqué" à Tremblay. Ducharme est mon préféré. J'ai lu "Les mots des autres" de VLB que j'avais trouvé assez bon. Mais jamais Tremblay. Son joual me repousse un peu. C'est drôle, parce que Samedi chez un bouquiniste à Verdun, j'ai surpris une discussion entre une cliente (québécoise)et la propriétaire, où la première "avouait" ne pas aimer Tremblay à cause de son joaul. J'imagine que venant d'elle, ça passe mieux :)
Je te conseille "L'hiver de force" de Ducharme, que j'ai trouvé génial !

Anonyme a dit...

A la bonne heure, Reda. Tremblay c'est une sensiblité, c'est un regard introspectif. J'avoue adorer le dramaturge et le romancier. Il a un je ne sais quoi d'intime qui me toucher et va me chercher très loin.
Mwah,
Loula

Reda a dit...

@Onassis: C'est sûrement une de ces personnes qui ne jurent que par la France :)
Sinon, je n'ai pas trop tiqué sur son joual, même que ça rend le récit bcp plus véridique.
Je note pour Ducharme. Merci pour la suggestion.
@Loula: True, c assez intime comme histoire et comme révélations :) même que j'étais un peu inconfortable au début :)