Dans le
cadre du programme Tanger-Métropole lancé par Sa Majesté le 26 septembre 2013,
un budget de 727 millions de DH a été dédié à renforcer les infrastructures
urbaines. A l’intérieur de ce cadre, le projet d'aménagement des boulevards de
la ville consiste en l'élargissement des routes, la création de voies réservées
aux autobus, le revêtement des trottoirs, la pose du mobilier urbain, la
modernisation du réseau de signalisation et d'éclairage public et l'aménagement
d'espaces verts.
Dans les
faits, cela se traduit par le remplacement des candélabres (lampadaires
publiques) fonctionnels et qui avaient été installés l’année d’avant ; par
l’élargissement des routes dans des conditions de sécurité difficiles pour les
ouvriers et les citoyens ; par le remplacement également des bordures des
trottoirs et l’installation de gazon
dans des plates-bandes au milieu des routes, dans les ronds-points et aux abords des grands axes.
Le
remplacement des candélabres déjà existants et tout à fait fonctionnels ne suit
aucune logique : La distance entre les nouveaux candélabres installés
semble aléatoire, varie et parfois est inférieure à 10 mètres. Quand on sait que le prix d’un
candélabre dépasse souvent les 70 000 DH, on est en droit de se poser des
questions sur l’utilité de planter des lampadaires aussi proches l’un de
l’autre et soulève des questions de bonne gouvernance.
"En effet,
les grandes métropoles se dotent d'un éclairage durable, non énergivore à
l’aide d’un schéma directeur d'aménagement lumière. Ce document étaye la
politique et la stratégie de mise en lumière de la ville, il prévoit le type de
candélabre pour chaque voie routière ou piétonne, sa hauteur de feu, son
intensité, sa source lumineuse et sa température couleur. Malheureusement,
certaines des voies routières à Tanger sont actuellement éclairées avec des
candélabres prévus pour des voies secondaires ou piétonnes. Ces candélabres
n'éclairent pas les voies mais juste les pieds de mâts. De plus ils créent un
éblouissement dangereux pour les automobilistes qui ne voient plus la route. Il
faut éclairer là où il le faut et quand il le faut car la ville n'est pas un
parc d'attraction. De plus, il
est nécessaire de restituer à la nuit sa part d'obscurité et doter note ville
d'une scénographie nocturne digne de Tanger."*
D’ailleurs, ces candélabres
installés à Tanger sont les mêmes que ceux installés à Tétouane même si les
deux villes différent de par leur architecture, histoire et climat…
Quant à
l’élargissement des axes routiers de la ville, cela se fait dans des conditions
de sécurité exécrables pour les ouvriers et pour les citoyens. Les signaux
avisant des travaux sont absents ou bien sont installés sur le site même des
travaux ne laissant aux conducteurs que peu de temps pour ralentir. D’autre
part, lors de l’installation des ronds-points les conducteurs sont laissés à
eux –mêmes car les feux rouges sont désactivés et on peut deviner le nombre
d’accidents qui en résulte. Enfin, en plus de remplacer le revêtement des
trottoirs, leur bordure est remplacée alors que celle-ci est encore
fonctionnelle et est même meilleure que la nouvelle qui n’est faite que de
ciment contrairement à la pierre.
Enfin,
l’aménagement d’espaces verts se traduit dans la réalité surtout par la pose de
gazon sur certains trottoirs –ceux des quartiers réputés huppés de la ville
comme Jbel Lekbir- et donc par le rétrécissement de la superficie que les
citoyens peuvent utiliser pour marcher (imaginez une maman avec une poussette
qui doit slalomer entre les arbres plantés au milieu des trottoirs et le gazon
pour rester sur le trottoir…) ; mais également, par la pose de gazon dans
plates-bandes séparant les grands axes routiers comme l’avenue du Royaume de
l’Arabie Saoudite et à l’intérieur des ronds-points.
Sachant que
pour chaque m² de gazon, il faut 20 litres par an, imaginez alors la
consommation d’eau de la municipalité de Tanger. Espaces verts ne veut pas dire
nécessairement gazon ! Pourtant le Maroc s’est doté d’une charte nationale
de l’environnement et de développement durable suite aux directives de Sa
Majesté le Roi Mohamed VI, lors de son discours du Trône du 30 Juillet
2009.
Malheureusement,
tant et aussi longtemps que la politique de développement des villes passe par
des institutions non élues et donc ne rendant compte à personne et tant que les
maires des villes ont des pouvoirs limités, cette situation perdurera.
*Ce paragraphe a été pris du groupe FB Société civile tangéroise suite à la publication de ce billet.