Il y a dix ans le Maroc faisait son entrée dans le triste club des nations victimes d'attentats : Le 16 mai 2003 une dizaine de terroristes marocains se sont fait exploser et emportaient avec eux dans leur folie quarante et une victimes et faisaient une centaine de blessés.
Dix ans après que reste-t-il de ces tristes événements dans notre mémoire collective ? Les casablancais ont vécu ce drame dans leur chair et s'en souviennent mieux que quiconque ; mais qu'en est il du reste des marocains ?
Après la vague d'arrestations, de condamnations et la récupération politique de ces attentats pour s'en prendre aux mouvements islamistes, l'état marocain a vite balayé ces attentats et passé à autre chose ; car, ne l'oublions, ces événements sont l'expression de l'échec de la politique du tout sécuritaire. Jusqu'à ce jour, nous ne savons pas exactement qui a été l'instigateur de ces attentats.
Les raisons sociales qui pourraient expliquer le naufrage de certains des kamikazes sont encore là : Un tour à Sidi Moumen (d'où sont originaires la plupart des terroristes) suffit pour se rendre que rien n'a été fait pour améliorer les conditions de vie de ses habitants.
Quant aux raisons religieuses, les diatribes d'un Nhari, les opinions du conseil des oulémas sur l'apostasie ou encore les réactions nauséabondes de certains ministres à la dernière sortie de Assid sont autant d'indices qui prouvent qu'aucun travail n'a été réalisé sur ce volet pour faire face à l'obscurantisme. Même que face à la popularité du PJD et de Al Adl Wal Ihsane, l'état marocain au lieu de les contrecarrer a plutôt choisi la voie de la surenchère avec Allah seul sait quels résultats au bout du compte.
À une connaissance à qui je faisais remarquer que nous n'avons pas su entretenir un devoir de mémoire sur le 16 mai 2003, sa réponse laconique résume bien l'état d'avancement de notre démocratie : "Parce que nous avons réalisé ce devoir de mémoire pour les années de plomb ? "