Une chose m'étonne prodigieusement – j'oserai dire qu'elle me stupéfie – c'est qu'à l'heure scientifique où j'écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre plus beau pays au monde le Maroc (comme ils disent au ministère du tourisme) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de sa prière ou de son couscous, pour voter en faveur de quelqu'un ou de quelque chose.
Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n'est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ? Où est-il le Ibn Khaldoun qui nous donnera la physiologie de l'électeur moderne ? Et le Ibn Rochd qui nous expliquera l'anatomie et les mentalités de cet incurable mejnoun ? Nous l'attendons.
Que le sieur feu Octave Mirbeau me pardonne d'avoir si peu modifié son texte.
Que le sieur feu Octave Mirbeau me pardonne d'avoir si peu modifié son texte.