''Il y a des années, comme ça, où les feuilles n'ont pas le temps de sécher sur les branches. En fin d'après-midi, Montréal flambe dans un délire de couleurs violentes et le lendemain matin tout est brun, mort, sec, comme un feu qu'on a laissé mourir. La tristesse vous tombe dessus au saut du lit et vous vous dites pour la millième fois quel pays de cul, quelle absurdité, qu'est ce que je fous ici, enterré pendant six mois de l'année dans la neige sale, la sloche, le sel, le froid, les maisons surchauffées,les rhumes de cerveau, les bronchites, maudite marde! J'ai calculé depuis peu que nos arbres ne portent des feuilles que cinq mois par année et l'absurdité de la chose m'a jeté par terre. Pas étonnant que nous soyons un peuple défaitiste!'' Michel Tremblay,
Le coeur à découvert.
Je découvre la littérature québécoise, petit à petit, il a fallu que je m'éloigne de Montréal pour qu'enfin je me décide à le faire (une autre contradiction de ma vie).
Le cœur à découvert parle d'amour (pas du tout confortable d'ailleurs), d'incertitudes et d'interactions humaines entre différents personnages vivant chacun une situation conflictuelle avec lui-même ou avec la société. Ce roman décrit aussi le Montréal des années quatre vingt avec ses différents quartiers et sa vie propre pour qui je ressens un pincement au cœur à chaque fois que j'y pense.
Michel Tremblay se permet à travers ses personnages de jeter un regard sur la société et les choses de la vie; comme dans le passage reproduit ci-haut où il pointe du doigt une facette des québécois que j'avais pressenti mais que je ne m'étais jamais expliqué : Leur défaitisme. Son explication en vaut bien une autre. D'ailleurs, ce trait là, je pense qu'on le retrouve aussi chez les marocains mais causé par une tout autre raison que le mauvais temps ou le froid, mais ne gâchons pas notre plaisir en mélangeant littérature et politique.