Je m’appelle Anas. Je suis marocain, un peu québécois et surtout montréalais. J’ai quitté le Maroc jeune, à l’âge où on commence juste à se faire des amis, à se rendre compte de la complexité des relations avec autrui et à essayer de se trouver une petite niche.
L’arrivée à Montréal n’a pas été de tout repos : La commission scolaire de Montréal a décidé que l’enseignement que j’avais reçu jusqu’à présent n’était pas de taille, elle m’a donc fait rétrograder de trois années. Du coup, je me suis retrouvé avec des plus jeunes que moi qui n’aimaient pas trop mon accent ! Les plus vieux eux ne daignaient même pas me jeter un coup d’œil, quand ce n’était pas un regard de mépris.
Mais même là les choses n’étaient pas aussi simples. Mes parents ont décidé de se séparer pour incompatibilités profondes : Ce n’était pas la joie.
Je me suis tourné alors vers mes racines : J’ai commencé à chercher à savoir qui j’étais vraiment et surtout d’où est ce que je venais. C’est ainsi que j’ai trouvé une certaine paix avec la religion : Allah est grand dans sa miséricorde !
Mon âme arrivait à supporter les aléas de la vie d’un jeune homme dans la vingtaine et j’arrivais même à m’accepter tel que j’étais sans égards à la société. Je me faisais d’ailleurs un devoir d’aller à la mosquée pour prier. Moi qui n’aimait pas me réveiller avant que le soleil ne soit au zénith, je me réveillais à l’aube pour la première prière de la journée.
Je n’ai pas remarqué sur le champ les deux voitures de police qui barraient la rue. Une fois que je m’en suis rendu compte, je me suis dit que cela devait être le résultat d’une opération de la circulation qui devait se dérouler sur le boulevard en verticale de ma rue.
Je n’aurais finalement fait que passer par Montréal. Dommage, Maman aurait été si fière de me voir graduer à l’université.
Cette nouvelle est en mémoire d’Anas Bennis tué le 1er décembre 2005 dans le quartier Côte-des-Neigess par un policier. Jusqu’à ce jour, sa famille demande toujours à voir le rapport de police, une vidéo d’une caméra de surveillance d’un immeuble adjacent et surtout qu’une enquête publique sur ce tragique décès soit instaurée.
9 commentaires:
Très touchant.
J'espère que ses parents pourront avoir le fin mot de l'histoire.
j'ai entendu vaguement parler de cette histoire mais je n'arrive pas à trouver beaucoup d'information
comment ça se fait que ce soit le statu quo la dessus ?
Touchant et tragique. Ce qui fait mal c'est que c'est une histoire qui n'a rien d'anecdotique. Des cas similaires en france et en europe. C'est toujours un drame.
Je vais pas faire une analyse de comptoir mais ce qui est encore dramatique ces que ces jeunes gens sont dé laissés par tout le monde. Le pays d'origine ne le reconnaît pas, le pays d'accueil et d'adoption ne les reconnaît pas, ils sont constamment écartelés entre deux origines, deux environnements , deux pays. Ca finit la plupart des cas par un drame. Sad,n sad, sad.
merci pour lui et pour sa famille
@Kenza : Ça s'est passé juste à côté de chez toi. Check le site Justicepouranas.ca pour qq infos.
C'est le statuquo car les policiers se protègent entre eux, ce qui s'est passé c'est qu'il y avait une descente de la police ds l'immeuble d'Anas pour arrêter un présumé revendeur de drogues. Lorsque le policier a vu Anas habillé comme il était (djelaba), il a dû paniquer... Ce qui est déplorable dans cette histoire, c'est qu'il y a une vidéo qui a apparement tout enregistré, un couteau appartenant soit disant à Anas et avec lequel il aurait menacé le policier et qui est introuvable...
Cette histoire me touche car primo c'Est un marocain, secundo ça s'est passé ds mon voisinage immédiat et surtout je me dis une erreur est si vite arrivée (quoique, je ne risque pas d'être pris en joue par un policier à 6h du mat habillé en djellaba pour aller à la mosquée).
@Larbi : T'as raison, le truc il ne faut pas laisser sombrer ces histoires ds l'oubli.
L'attitude du ministère est ambigue et incompréhensible. Cette histoire de ne pas publier le rapport parce qu'il contiendrait des informations personnelles est une farce. car toute enquête administrative dans ce genre d'affaire contiendra forcément des informations personnelles ne serait-ce que l'identité du policier (déjà connue) ou celle des témoins. Bref, ce n'est pas très net. je ne sais pas si la famille ou la presse peuvent se prévaloir de la loi sur l'accès à l'information devant la commission compétente pour accéder au rapport. je ne suis pas spécialiste, mais je pense qu'il faut aller jusqu'au bout et, s'il est necessaire, devant la justice. La solidarité de la communauté marocaine et arabe (et dieu sais que je n'aime pas ces divisions) est necessaire et vitale. Car il est malheureusement clair que les politiciens s'en faoutent parce que la communauté n'est pas électoralement pesante et ne fait pas assez de bruit. Je crois savoir qu'il y a une parlementaire d'origine marocaine PLQ, fait-elle preuve de discipline partisane ou s'en fout-elle comme tous les autres députés.
Récit touchant, par cette touche pathétique; riche par les thématiques implicites. Raconter à la première personne rapproche le pesonnage du lecteur, introduisant celui-ci dans l'histoire, car en fin de compte le cas d'Anas nous concerne tous.
Simple, correct et touchant Reda, bravo.
Bonjour,
Je suis entrain de remettre de l’ordre dans l’annuaire de blogs http://www.mablogoma.com pour rendre les descriptions plus explicite.
Si vous désirez que je remplace la présentation actuelle de votre blog, merci de m’envoyer un email à cette adresse mablogoma@gmail.com
Bonne continuation, et à bientôt
Bonjour Reda,
je m appelle khadija, la soeur jumelle de Anas(que Dieu l agrée et le couvre de son infini clémence).
ta nouvelle m a enormement touché, ca m a fait pleurer, mais aussi ca m a fait beaucoup de bien, (Jazaka Allah khair)
Merci de votre soutiens a tous, ca fait chaux au coeur de voir vos temoignages.
gardez nous dans vos prieres.
@Justice : J'avais un peu peur de la réaction des proches, c'est pour ça que je n'ai pas osé vous contacter concernant ce post sur mon blog :)
J'espère que nous serons tous la vérité sur ce qui s'est passé ; je n'arrête pas d'y penser à chaque fois que je passe à côté du Parc Kant.
Bon courage.
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