27 décembre 2011

L'exception marocaine


M. Moncef Marzouki, le nouveau président tunisien, dans la vidéo ci-dessus, déclare en parlant des palais du dictateur Ben Ali : ''Ce monsieur avait un château là, un autre par là, c'était juste inimaginable, [...], tous ces châteaux pour une seule personne ! Imaginez ! Il passe une journée par année dans un de ses châteaux... Et les gens meurent de faim... Pourquoi tous ces châteaux ? Moi, je considère cela le geste d'un mécréant : Des gens meurent de faim et une seule personne possède quatre châteaux ! C'est simplement inacceptable ! [...]''.

Au Maroc, selon la loi de finances pour l’année budgétaire 2011, les dépenses de fonctionnement liées au Roi et à la Cour royale étaient au total de 2.433.719.000 DH (deux milliards quatre cent trente-trois millions sept-cent-dix-neuf mille dirhams), soit à peine moins que le budget de fonctionnement du ministère de la justice (2.572.060.000 DH), et plus que celui des affaires étrangères (1.799.257.000 DH)), des habous (1.574.348.000 DH), de l’équipement et des transports (775.943.000 DH), du développement social (353.288.000 DH) ou même de l’agriculture (2.000.892.000 DH).

Cependant, toute comparaison entre les deux pays est totalement illusoire et ne saurait être que le geste d'un nihiliste sanguinaire recevant ses ordres d'Alger.

Update : Comme l'actualité fait bien les choses : On apprend que la Maison Royale espagnole ne reçoit de l'état ibérique que neuf millions d'euros par année. Encore là, toute comparaison serait futile...

6 décembre 2011

Business as usual



Le Roi vient de nommer 28 ambassadeurs. Rien de nouveau sous le ciel diplomatique du Maroc : Les sujets de Sa Majesté sont habitués à voir, sur les chaînes nationales, ces messieurs et ces quelques rares dames s'agenouiller, baiser la main du Roi et accepter leurs lettres d'accréditation. Mais il y a un hic, la nouvelle constitution,  adoptée en grande pompe à 98% par les électeurs marocains avec un taux de participation de 73% , stipule que le Conseil des ministres doit délibérer sur la nomination des ambassadeursChose que le Conseil des ministres sortant n'a pas fait et que le futur Conseil ne peut réaliser bien sûr, Monsieur Benkirane en est encore au stage des pourparlers avec tout ce qu'il y a comme faune politique au Maroc.

Justement, M. Benkirane est passé par la télé nationale pour communiquer son plan d'action aux marocains ; chose très louable d'ailleurs, surtout si on tient compte du fait que le premier ministre sortant était trop effacé et que Sa Majesté ne donne pas d'interviews aux médias nationaux.

M. Benkirane a eu la gentillesse de revenir sur sa rencontre avec Sa Majesté lorsque ce dernier l'a convoqué (oui, le Roi convoque) pour le nommer à la tête du prochain gouvernement marocain. Le compte rendu qu'il en fait est assez précis : Il affirme « Bien sûr quand j’ai rencontré Sa Majesté le Roi, je ne faisais que l’écouter ». Il dit aussi : « je lui donnais du `’Votre majesté ‘ , des fois ‘ Sidna’ et des fois ‘Sidi Mohammed’ » . Il dit: « je lui ai présenté mes excuses et je lui ai dit ‘Votre Majesté, tout ça est nouveau pour moi, c’est la première fois que je vous rencontre en direct, pardonnez-moi Sidi Mohamed’ » . Il dit: « Sa Majesté m’a répondu : ‘Sidi Mohammed me va bien, j’ai le meilleur prénom, celui du prophète ». Il dit: « Que Dieu bénisse [Sa Majesté], j’ai rien à dire ».

Donc, nous avons d'un côté le palais qui délimite ses chasses gardées (de manière inconstitutionnelle ou en nommant des conseillers à la va-vite ) et de l'autre, un premier ministre qui ne 'fait qu'écouter' et qui 'n'a rien à dire'...
Quelles conclusions en tirer ? Que M.Benkirane ne veut pas heurter de front les prérogatives royales ? Que rien n'a vraiment changer au Maroc et que les grandes décisions sont toujours prises par des non-élus ? Que le 20 février a encore sa place dans la place publique ? 
Chacun arrivera à la conclusion qui lui sied le mieux, une chose est cependant sûre, le chemin vers un véritable état de droit démocratique est encore long.