28 juin 2011

Mascarade référendaire


Le makhzan a enfin répondu aux attentes des marocains (tous les marocains ? Non ! Juste une bande d'irréductibles jeunes inconscients à la solde du polisario) et la nouvelle constitution (octroyée encore une fois car il n'y a pas eu de constituante) a été présentée le 17 juin par Sa Majesté lors d'une allocution télévisée.
La nouvelle mouture, bien qu'en augmentant sur papier les prérogatives du premier ministre ne lui permet de prendre aucune décision sans qu'elle soit avalisée par le Roi. Ce dernier, n'est plus sacré mais 'sa personne est inviolable, et respect lui est dû'. (Plus ça change, plus c'est pareil). Quant à ses pouvoirs, il est dorénavant à la tête d'un plus grand nombre d'institutions qu'il ne l'était dans la constitution précédente.(À vous de juger de la démocratisation du Maroc).

Lors de son discours, Sa Majesté a incité les marocains à voter oui et a même lié la réussite de cette réforme à une issue triomphante au conflit qui nous oppose dans nos provinces du sud aux séparatistes. Conflit, rappelons le, causé en grande partie par l'Opération Écouvillon et dont le peuple marocain paye les pots cassés depuis l'indépendance.
Avant que cette allocution ne soit terminée, on a pu entendre dans les rues marocaines, une pléthore de klaxons et de chants à la gloire de la nouvelle constitution. Les mkadmias et autres sous-fifres du ministère de l'intérieur, celui-là même responsable de la tenue du référendum, avaient harangué les nécessiteux des quartiers populaires à sortir clamer leur joie. Ainsi, avant la fin même du discours censé présenter aux marocains la démocratie, le makhzan continuait dans ses pratiques d'antan.

Quant à la date de la tenue du référendum, elle a été fixé au 1er juillet ; soit une campagne référendaire de moins de deux semaines (mais qui a commencé pour le oui pendant le discours). Quelqu'un, quelque part, a un bon sens de l'humour : On avait 10 jours pour lire, comprendre et discuter en public un pavé juridico-légal de 32 pages (nombre de pages du Bulletin Officiel) composé de 180 articles alors que plus de 50% des marocains sont analphabètes.

On apprenait également que le ministère de l'intérieur (encore lui), octroyait 70 millions de DH aux partis politiques pour promouvoir le oui. On se retrouve ainsi avec un espace public inondé de publicités pour le oui avec l'argent des contribuables. Les partisans du non eux, peuvent toujours se rabattre sur Twitter ou mamfakinch.com pour faire passer leur avis.

Le vendredi suivant, lors des prêches dans les mosquées, les imams ont invité les pratiquants à voter pour le oui et à suivre docilement les directives d'Amir Al Mouminine. On apprenait aussi que les zawayas invitaient leurs fidèles à voter pour le oui. Faire appel à la religion pour des fins politiques n'est plus l'adage des seuls islamistes.

À la lumière de ces agissements et du fait que le makhzan continue à bafouer les libertés les plus élémentaires des marocains (allez faire un tour pour vous en rendre compte sur Lakome ou Demain ou même Hespress), participer à ce processus ne fera que crédibiliser et légitimer son discours (destiné surtout à faire gober à l'occident que le Maroc est sur la bonne voie et ce plus de 10 ans).

Le boycott me semble donc la solution la plus logique pour refuser cette mascarade et remplir le devoir de citoyen de chaque marocain.