18 octobre 2010

Brouhaha médiatique et malaise personnel

J'étais pas mal mêlé la semaine dernière. Pas que je sois une petite nature ou que je sois trop sensible mais voilà, le tout Québec ne parlait que de religion, plus précisément de miracles. Tout le monde n'en avait que pour Frère André (Je mets frère en majuscule car d'après le Vatican c'est un saint and you never know avec ces histoires là, une malédiction est vite arrivée).

En effet, selon Influence Communication, la canonisation de Frère André trônait en tête des sujets traités par les médias traditionnels. J'ouvrai la radio pour écouter mes émissions préférées et je tombais immanquablement sur des chroniqueurs nous parlant de l'effervescence des croyants à la veille de sa canonisation, les supposés miracles de sa future sainteté ou encore l'emploi du temps des pèlerins déplacés à Rome pour l'occasion. Parfois, le ton des reportages frôlait le prosélytisme.

J'étais perplexe. Normalement quand les médias se mettent à parler de religion au Québec, c'est soit pour parler des affaires de pédophilie des prêtres ou encore de de l'islam (un peu aussi de la religion juive mais le Bnai Brith est tellement aux abois que les médias marchent sur des œufs dans ce cas là) dont il est question. Et cela va de soi, on aborde la question de façon assez négative. On en a que pour les crimes d'honneur, le masochisme des musulmans ou les demandes d'accommodements raisonnables ; le voile et le niqab étant les sujets de prédilection bien sûr.

Mais voilà qu'on nous rabâche les oreilles avec la religion catholique et ses miracles. Même que les trois paliers de gouvernement étaient présents à Rome. Que le maire de Montréal se déplace à Rome pour assister à la canonisation du bâtisseur de l'Oratoire Saint-Joseph et en tenant compte que ce même bâtiment est un des monuments touristiques de la ville, on comprend un peu sa démarche. Mais que le ministre des affaires étrangères du Canada, qui rappelons le n'a pas daigné s'adresser aux pays membres de l'OCI pour mousser la candidature canadienne à un siège non permanent du Conseil de l'ONU soit présent à Rome dépasse l'entendement. Enfin, que la ministre québécoise des Relations intergouvernementales, Monique Gagnon-Tremblay déclare que «Pour le Québec, c’est une page d’histoire. Il faut se remémorer aussi nos racines. La religion catholique, c’est quand même notre religion, notre histoire. Moi-même, j’ai été baptisée, j’ai eu ma première communion solennelle et j’ai été confirmée par le cardinal (Maurice) Roy», et que «Ce sont quand même nos religieux qui ont bâti nos écoles; ce sont les religieuses qui nous ont enseigné», me laisse sans voix. Ce n'est pas demain la veille que la gigantesque croix de l'assemblée nationale sera retirée.

Pour ajouter à mon malaise, la journée même de la canonisation de Frère André, qui était un grand misogyne devant l'éternel selon les dires de ses propres biographes, se tenait à Rimouski la journée de la Marche mondiale des femmes.

Je n'ai pas encore bien assimilé tout ce que ce cirque voulait dire ou quelles conclusions en tirer mais une chose est sûre : Cette semaine, j'ai découvert un autre côté (apeurant) de la société québécoise.