25 août 2009

La vérité est ailleurs

La Blogoma et la twittoma ont été le théâtre ces derniers temps d'un mouvement de contestation virulant suite à la décision du ministre de la Communication Khalid Naciri d'interdire la publication d'un sondage portant sur la personne de Sa Majesté le Roi ; ce mouvement ayant pour slogan 'je suis un 9%' en référence au pourcentage de personnes sondées qui disaient ne pas apprécier le bilan des dix ans de règne de Sa Majesté.
Ce n'est pas la première fois que les internautes marocains se mobilisent pour une cause politique, on n'a qu'à se rappeler la mobilisation pour la libération de Mortada ou encore d'Erraji ; cependant, cette fois-ci, ce mouvement s'attaque directement au fondement de la monarchie : La personne du Roi. Car ne soyons pas dupes, ces contestataires auraient pu choisir un autre slogan que celui là mais en jetant leur dévolu sur 'Je suis un 9%' le message qu'ils envoient est bel et bien un de haine et de condamnation sans appel de la monarchie ou du moins de l'état de la monarchie marocaine tel qu'il est aujourd'hui.
Arrêtons nous un moment pour décortiquer les 'doléances' ou demandes que ce mouvement réclame et prône pour que le Maroc aille mieux selon leur vision.
La première mesure est la mise en place d'une réforme constitutionnelle dans le sens de l'instauration d'une monarchie parlementaire et le renforcement des institutions démocratiques (je vous accorde que c'est un peu long mais comme on dit chez nous 'wessel lkedab lbab darou'). Le Maroc a un parlement avec des élections législatives qu'on ne peut taxer de frauduleuses et bien que le premier ministre soit nommé par le Roi, il est issue du groupe parlementaire qui a remporté le plus de sièges. Sa Majesté aurait pu choisir n'importe quelle autre personne mais a consenti à suivre le vote populaire. Il ne faudrait quand même pas demander tout et son inverse : Si le Parti de l'Istiqlal a élu à sa tête Abbas El Fassi et si les marocains ont voté majoritairement pour ce parti, ce n'est quand même pas la faute de la monarchie. Quant au renforcement des institutions démocratiques, il n'y pas un discours que Sa Majesté donne où elle ne souligne pas l'importance de l'état de droit et n'incite pas les marocains et tous les responsables politiques à emprunter cette voie.
Le deuxième point soulevé par ce mouvement est celui de la réforme de l'Éducation, encore là à l'occasion de la fête du trône le 31 juillet dernier, Sa Majesté déclarait: 'La réforme judicieuse du système d'éducation et de formation est la voie essentielle à emprunter pour relever les défis du développement, car il faut bien reconnaître qu'il ne s'agit pas d'une simple réforme sectorielle, mais d'un combat salutaire face à un défi d'une grande ampleur.' Plus clair que cela et il faudrait que le Roi lui-même mène cette réforme et là on crierait encore au loup (bien que l'emblème de la monarchie marocaine soit le lion mais ça c'est une autre histoire).
Le troisième point soulevé par ces contestataires (le terme nihilistes serait plus adéquat mais il ne faut pas envenimer l'atmosphère car 'ina lwatana ghafouroun rahim') est celui de la réforme de la Justice, et encore là Sa Majesté déclarait jeudi dernier : 'La justice représente, à Nos yeux, la clef de voûte pour la concrétisation d'un principe auquel Nous sommes particulièrement attaché, à savoir l'égalité des citoyens devant la loi.'
Nous pourrions continuer comme cela assez longtemps mais je vais vous épargner cela (bien que je doute que certains en seraient réjouis vue qu'ils doivent attendre le Ftour).
Il appert ainsi de ce qui précède que non seulement la monarchie agit et incite les marocains à emprunter la voie de la démocratisation mais met de l'avant toutes les mesures que ces '9%' aveuglés qu'ils sont par leur nihilisme voudraient voir se concrétiser. Le problème du Maroc n'est pas tant un d'institutions ou de constitution mais plutôt de prise de conscience de tous les citoyens du rôle qu'ils ont à jouer et que la démocratie ne saurait être le fruit du labeur d'un seul homme aussi sacré soit-il mais plutôt celui d'un travail collectif.
Enfin, un dernier point qui est spécifique à ce mouvement et c'est celui de la provenance géographique de ses membres, il est évident que la majorité sont établis à l'extérieur du Maroc et n'ont donc forcément pas la même vision des réalités de ce pays que les marocains y vivant. Est ce que cela expliquerait la hargne et l'agressivité de ce mouvement? Je laisse à d'autres le soin de s'y attarder car c'est un terrain assez glissant et il me semble ce n'est pas une voie à emprunter si nous voulons tous construire le Maroc de demain.